Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aix-Paris-Gay-Humeur-Conso
26 novembre 2014

Je suis fatigué

fatigue

La veille au soir déjà, Luc savait que ce serait dur. Dès 19h30 il avait décidé de se retrancher chez lui, seul, pour s'avachir sur son canapé dont la tissu vert clair, ne lui plaisait pas, mais il avait plu à son ex, qui l'avait acheté encore une fois bien trop cher, sur un coup de tête, et sans lui en parler.

 

Mais ce soir, il ne voulait pas penser pour la cent millième fois à ce canapé, il voulait s'y enfoncer. Enfin pas vraiment s'y enfoncer car non seulement ce canapé est décidément trop clair, mais il est en plus trop dur, trop ferme.

 

Rentré chez lui, une fois la porte claquée derrière lui, il avait son programme minuté.

A peine la porte claquée, le son de ses pas grinçants sur le parquet tendu et usé du couloir de l'entrée, il allait poser ses clés sur le bureau, sa veste sur une chaise, courrait dans la cuisine, ouvrait le frigo, tirait un assiette trop bleue, dans cette cuisine trop bleue aussi, ouvrait le frigo dont il extrayait un plat préparé, l'ouvrait, déposait le sachet sous vide dans l'assiette décidément trop bleue, enfournait le tout dans le micro-ondes et vroum... 3 minutes.

 

Pendant ces 3 minutes, dans le souffle plein d'ondes du four, il synchronisait ses gestes.

Le plateau posé sur le plan de travail, les couverts, les ciseaux pour couper le sachet sous vide, une crème à la banane (quelle idée, c'est trop dégueu !), une bouteille d'eau, un regard vers la bouteille de vin... non, il ne pouvait pas, il allait encore la boire entièrement, un bout de sopalin, un peu de fromage, du chocolat et Ding !...

Fin des 3 minutes, ouverture du four, découpage du sachet, ça brûle, ça dégouline, c'est orange bizarre, mais Luc ne veut pas non plus y penser, trop de soucis avec les couleurs ce soir là...

 

3 minutes, et Luc avait fini de cuisiner, il passait à la seconde partie de la soirée.

Glissant dans le couloir, avec le plateau et tout ce qu'il faut dessus pour ne plus se lever, éteindre la lumière de la cuisine avec le coude, direction : le canapé vert clair i

 

Télécommande, télé. Fin de l'action.

 

Assis coupé en deux, sur le canapé, trop penché pour manger correctement, Luc avale le contenu de l'assiette, le visage face à l'assiette, les yeux rivés sur la télé à l'extrême droite.

 

"Pourquoi est-ce que je ne mangerai pas face à la télé. Il suffirait soit de la déplacer, soit de me déplacer ?" pensa-t-il.

 

Mais il se sentait trop fatigué pour changer quoi que ce soit.

 

A peine avait-il finit de manger le plat orange au gout de tomates et de sucre (pourquoi ces plats préparés sont-ils soit trop sucrés, soit trop salés ?) que le téléphone portable sonna.

 

Avant le début de la seconde sonnerie (une sonnerie normale, pas un de ces airs classique ou cinéphilesque que l'on entend souvent et qui restent en tête toute la journée) Luc regarda de qui provenait l'appel : Jean-Stéphane !.

 

Un dixième de seconde d'hésitation et non, il ne répondra pas.

Pas envie, pas le temps, trop stressé pour écouter, jouer la comédie pour rire, trouver un mot spirituel, demander des nouvelles, de Jean-Stéphane et de la bande, de toute la bande, mais pas de ceux que Jean-Stéphane n'aime pas, parler de son "mari" aussi, de ses amants, de ses collègues, de sa famille aussi !

Non, trop fatigué, vraiment trop fatigué.

 

Luc ne décrocha donc pas, et resta avachit sur ce canapé, regardant d'un œil morne cette télé fade.

 

Mais pourquoi, bon sang n'y a-t-il jamais rien dans cet écran.

Rien de rien.

Un film, déjà vu, ou si banal. Alors zapping, re-zapping et re-re-zapping.

 

Enfin, à force de zapper, on traîne, on traîne et il se fait de plus en plus tard, et Luc doit dormir pour être en forme demain.

Surtout qu’on arrive maintenant aux reportages sur la pêche à la truite en rivière de montagne en automne les années bissextiles !

Oula ! Il est temps d'avaler sa petite pilule pour dormir !

 

Luc fit un effort surhumain pour se relever de son canapé, tituba jusqu'au lit, avala sa pilule et se coucha.

 

Demain  il faudrait bosser et être au top !

Publicité
Publicité
Commentaires
Aix-Paris-Gay-Humeur-Conso
Publicité
Pages
Archives
Aix-Paris-Gay-Humeur-Conso
Publicité